Le Zugzwang politique


Zugzwang pour le roi
Il réfléchit, concentré,
Il joue un gambit


Il y a, dans ce climat politique, un sentiment qu’une immense partie d’échecs est en train de se jouer. Nous n’en sommes que les observateurs, et pourtant, devant les faits spectaculaires et inédits de ces derniers jours, il est fort à parier qu’un mystère s’y cache — un mystère que l’on pourrait bien dévoiler.

Prenons le Président Macron. Sans hésiter, nous lui attribuons la pièce maîtresse : le roi. Cette pièce est imprenable, mais on peut à tout moment la mettre en échec et mat. C’est exactement ce que cherchent à faire les partis politiques actuellement au Parlement. Le Président Macron détient l’initiative : lui seul peut nommer un Premier ministre, dissoudre l’Assemblée ou convoquer les partis. Sur l’échiquier politique, sa stratégie repose sur des choix tactiques — discours, nominations, recompositions — capables de provoquer le déplacement des pièces adverses dans le sens qui l’avantagerait le mieux pour gagner la partie. Mais les derniers coups joués ont fragilisé sa défensive : perte de l’utilisation du 49.3, absence de majorité, manque d’alliés stables.

Son gouvernement correspond aux pions. Le Premier ministre, lui, incarne la dame. Les grosses pièces — tours, fous, cavaliers — sont déjà tombées. Seuls les pions peuvent encore lui permettre d’espérer, et la dame, de changer la situation. Mais le Président Macron en a décidé autrement. Alors qu’il est déjà dans une position délicate, il tente un coup inattendu : le gambit de la dame. Tous ses pions sont derrière, prêts à le protéger. Ce coup pourrait, peut-être, inverser la situation.

Les cavaliers du roi — les partis centristes — manquent de précision dans leur engagement. Souvent maintenus en retrait, ils n’arrivent pas à soutenir le roi ni à être décisifs pour gagner la partie.

En face, les partis politiques extrémistes sont représentés par les deux tours. Pour atteindre le roi, elles devraient fonctionner ensemble — mais c’est impossible pour elles. Ce qui rend la situation menaçante, mais pas injouable. Elles semblent figées, en attente de la chute du roi, mais sans y participer directement.

Le Parlement surprend par ses alliances inattendues — les fous — qui n’hésitent pas à jouer des gestes diagonaux, des recompositions déroutantes. Les coups sont perturbants et imprévisibles, et pourtant, alors qu’ils n’ont aucune logique apparente, ils bloquent le gouvernement.

C’est là que le zugzwang s’installe, à sa manière politique. Le roi est contraint de jouer, mais chaque coup l’affaiblit. Il ne peut pas passer son tour, mais il ne peut plus avancer sans perdre. Ce n’est pas encore l’échec et mat, mais c’est déjà la fin des coups utiles.

Malgré cette situation, le Président Macron continue à surprendre en ne jouant aucun des coups attendus : pas de démission, pas de refonte du gouvernement, pas de coalition. Il choisit le gambit de la dame. Il reprend son Premier ministre démissionnaire et le relance dans la partie. Objectif : montrer que tous les coups n’étaient pas pensés ou trop attendus. Et que lui voit plus loin — que son objectif est peut-être ailleurs… Préparer le terrain pour sa relève, et montrer à tous la vraie facette des partis extrémistes.

Cela pourrait être une bonne idée. Mais l’opinion publique sature, manque de confiance, et finit par lâcher la politique. Parce qu’on ne comprend pas qu’on puisse jouer avec la France et ses intérêts. La colère monte.

Commentaires

  1. Jean-Marie Audrain16 octobre, 2025 08:27

    Je trouve que la politique nuit gravement à la poésie de ce merveilleux blog, même si le texte est bien écrit et bien pensé...

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  2. Bonjour Jean-Marie,

    Mon blog à fleur de conscience, parle de tout et même si j'ai pris du plaisir à partager des moments de poésie, j'y parle aussi de ce que j'observe. Ici, ce n'est pas la politique qui m'intéresse, mais seulement la stratégie de communication et de pouvoir qui se joue. Ma formation avec Beauvois et Joules sur les actes de langage, et leur manipulation me permettent d'avoir ce type de regard sur un discours. Je ne m'intéresse pas au contenu, je sais qu'il n'est que manipulation, alors je cherche derrière leur véritable intention.

    Au plaisir de te lire. :)

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